Rue du Calvaire de Grillaud à Nantes

Vous trouverez ci-dessous les souvenirs d'un habitante du quartier : un vrai voyage dans le temps !

Souvenir de Mme Françoise BRAUD (Février 2010)

Quartier Grillaud

Dans les années 1900, le quartier était riche, les rues se nommaient « Avenue », c’était la campagne.

L’avenue du Parc de Procé possédait, à chacune de ses extrémités, deux impossantes portes en fer forgé, ouvertes le matin, refermées le soir : la chaussée était en terre, les ornières nombreuses, la nuit très noire. C’était une avenue privée, le tout à l’égout n’existait pas.

L’avenue du Calvaire de Grillaud porte son nom en souvenir, ou à cause, d’un immense Calvaire situé au centre de l’avenue (Côté rue des 7 Maires Charrette), derrière se trouvait une tenue maraichère principalement légumière.

Malgré les trous et les bosses, chaque matin une boulangère passait livrer le pain. Elle poussait une énorme charrette à grandes roues rectangulaires recouverte avec un couvercle en zinc ; La femme était grande et forte : il fallait bien cela pour sa dure tache de chaque jour.

Le soir, à son tour, le marchand de sardines, uniquement à la saison, s’annonçait en faisant crier sa trompette : les habitants sortaient immédiatement.

Du côté pair de cette charmante avenue se trouvait deux châteaux : le plus élégant qui possédait un paratonnerre (à l’emplacement du Récamier), appartenait au Docteur AUBIN, qui l’habitait avec son épouse et ses deux filles. Un peu plus loin, toujours du même côté, un second château, plus cossu, esprit maison de Maître, était habité par Mr et Mme CESBRON et leur servante nommé Amandine, ils n’avaient pas d’enfants, cette fille un peu naïve était entièrement dévoué à ses patrons. Le couple possédait et tenait une épicerie « FINE » « Nantes Colonial », qui comme son nom l’indique, vendait des produits exotiques divers et variés de très grande qualité. Ils étaient la référence, la réputation Place Delorme (existe aujourd’hui un chocolatier).

On peut encore voir la seule partie du mur d’origine qui était la fin de la propriété, près du magasin « Marché+ », donnant sur les parkings des immeubles.

Un long mur longeait toute l’avenue, derrière lequel se trouvait un superbe parc arboré d’arbres magnifiques, de rhododendrons de toutes couleurs, d’arbres fruitiers, mais surtout de splendides statuts. C’était vraiment magnifique ! Cela fait des souvenirs d’enfance merveilleux.

En avançant vers le fond de la rue du calvaire de Grillaud, traverser la rue des 7 Maires charrette, filer tout droit, et vous trouverez à droite l’Avenue de l’Abbé Patron, nom en souvenir d’un prêtre admirable qui s’occupait de jeunes délinquants. Il les hébergeait, les nourrissait, et essayait de les remettre dans le droit chemin, ce qui était très dur. Les braves gens du quartier les employaient pour faire de menus travaux comme le jardin. Hélas, de nombreux cambriolages se produisaient dans nos maisons !

Continuons notre promenade, avançons encore un peu, sur la gauche une impasse renvoie vers l’Avenue du Parc de Procé. Dans ce petit chemin discret, existait une école pour enfants trisomiques tenue par une demoiselle, Mademoiselle GUCHET, personne admirable. Cet établissement était très rare pour l’époque : il était caché !

Arrivé au bas de ce chemin, tourner à gauche, remonter et vous trouvez en angle à la première rue le dernier château ou hötel particulier de 1931 « Chezine Tower’s » qui existe encore, il est classé. Il a été habité par Mr et Mme MITON, imprimeur papetier à Nantes, après son partage. La seconde partie, la plus raffinée, possède une serre superbe avec jeu d’eau, plantes, rocailles, fleurs. Elle donne sur un immense salon, et sur l’arrière de la propriété, donc invisible au regard des passants. Cette partie était habitée par Mr et Mme B. et leurs 2 filles. Ils étaient Charcutier en gros-Salaisonniers. Ils employaient 5 à 6 commis qui demeuraient sur place. En rez de jardin, une immense salle à manger ou tout le monde déjeunait : le jardin était fleuri, les enfants heureux et gatés.

Voilà un petit parcours qui me fait remonter le temps, et revivre le vieux parc disparu.

Francoise BRAUD